2-LA FORMATION DU TEMPOREL


Après la donation des Beaufort et durant tout le XIIIème siècle, la chartreuse bénéficia de nombreux bienfaits de la part des familles les plus nobles et prestigieuses d’Auvergne, parmi lesquels les comtes d’Auvergne, en particulier, Robert V,évêque de Clermont, la comtesse de Cambonne, épouse de Guy II. Mais aussi Guillaume Dauphin, Guillaume VIII et Robert Ier qui contribuèrent plus particulièrement au financement des bâtiments conventuels.

    

Très vite après leur installation, les moines chartreux s’employèrent à contrôler les espaces boisés et les ruisseaux autour de leur monastère. Il s’agissait pour eux d’organiser un domaine forestier capable de délimiter un « désert physique », périmètre de protection autour de leur implantation. Cette construction du temporel est assez particulière au Port Sainte Marie.

Au départ, les chartreux sans numéraires s’attachent à construire leur domaine par à coup sans grande logique puis, peu à peu, ils vont s’attacher à développer leur propriété tour à tour sur les espaces situés à l’ouest de la Sioule de Miremont à Bromont puis, après 1275 en direction du nord est sur la paroisse de Notre Dame de Comps. Pour cela,  ils acceptent des dons de terres, de pacages et des droits situés hors de leur désert comme la villa de Montavert qu’ils transformèrent en grange monastique. Ils établissent des relations avec les petits seigneurs féodaux locaux : les vicomtes de La Roche, les seigneurs de Bromont, de Chalus, d'Am­bur, de Pontgibaud et des Chaumes pour se constituer un domaine de montagne sur les paroisses de Comps, Saint Georges de Mons, Chapdes, Miremont et Bro­mont. Cette opposition aux règles de vie au désert s’explique par le besoin pour les moines de se procurer des espaces et prairies de cultures indispensables pour la vie du couvent. 

 

Au XIVéme, le monastère s’insère dans le système féodal avec, en particulier, la donation en 1315 par Dalmace et Guillaume de Beaufort-Farges de la seigneurie de Rocherouge qui transmet la haute et basse justice sur ses terres aux chartreux.

Pour valoriser et exploiter leur domaine, les chartreux ont rencontré des difficultés de la part de leurs gens (révolte de Boucheix en 1314) et des seigneurs locaux. Ce qui amena les moines à chercher des protections comme celle du roi Philippe de Valois en 1342 et à obtenir des droits féodaux pour pouvoir « faire de l’agriculture ».

"Les chartreux du Port-Sainte-Marie, diocèse d' Auvergne, demandent au roi d'être pris sous sa sauvegarde contre les attein­tes, vexations, injures, pilleries des laïcs, et le roi leur accorde sa protection et charge le Bailly d' Auvergne de les protéger contre tous.

Donné à Vincennes, .Juin 1342. Sans finances."  

 

 En un siècle et demi, les chartreux ont su constituer leur territoire (le désert) et assurer leur assise banale. L’ancien domaine des chartreux est devenu une seigneurie avec un semis de "villae" et de mas situés dans l’environnement immédiat du couvent à la Rossignol, la Brousse, Tournobert, Farges, le Soulier et au Boucheix. 

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