Prompsat

 

Le site du Port Sainte Marie correspond au cadre nécessaire pour l'installation d'un désert cartusien mais il ne permet pas l'autarcie complète attendue par la règle. En effet, pour les chartreux comme pour d’autres ordres religieux, le vin constitue une nécessité pour le culte mais aussi pour les repas des moines. Il est évoqué que le vin accompagne quatre jours par semaine le repas des Pères. Il était donc indispensable qu'ils se constituent un domaine viticole.

 

La constitution de ce domaine débute en 1228 par une donation d'Hugues de La Tour, évêque de Clermont-Ferrand,  d'une rente de 7 livres sur les « dixmes de Chirat », hameau de Prompsat. Durant le  XIIIème siècle, les moines se contentent d'acquérir un immeuble et un courtillage à Prompsat et d'acheter plusieurs rentes vinaires, des vignes et des prés. 

En 1243, ils achètent au bourg une maison et son courtillage à B. Correu. La famille Correu participera plusieurs fois par des donations ou des ventes à la constitution du domaine des moines. Dès leur premier achat, les chartreux peuvent disposer d'un cuvage avec tout le matériel nécessaire pour la vinification.

 

 

 

L'enclos des chartreux

 

L'acte de 1271, nous apprend que le prieur Etienne souhaite créer un vignoble sur les coteaux de la chartreuse, les ceps de vigne devant être fournis par des censitaires de Prompsat de maniére à ne pas trop éloigner les vignobles de leur désert. Mais ayant vu les limites de la culture de la vigne sur les coteaux à proximité du monastère, au XIVème, les moines mènent une vraie politique d’acquisitions et bénéficient de donations sur les coteaux de Limagne. Ils se constituent alors un domaine assez unitaire et allodial plus particulièrement à Prompsat mais aussi sur les communes de Davayat, Teilhede, Gimeaux et Beauregard Vendon. Tout en procédant à un remembrement de leur terroirs, les chartreux s'attachent en même temps à dégrever leur temporel des droits qui pesaient sur leurs terres. 

Les chartreux craignant pour leur sécurité achètent en 1421 une loge située dans la basse cour du fort de Prompsat. Une propriété qu'ils échangent en 1431 contre une maison le long du mur du fort et en 1435, c'est un terrainqui est acheté  dans la basse cour à l'intérieur des fortifications nouvellement construites à Marsat. 

Cette situation évolue peu jusqu'au XVIIème siècle. C'est à ce moment que les moines renforcent leur maison par la construction de cave et cuvage importants (qui existent toujours) avec cuves, pressoir en bois, ainsi que de nombreuses acquisitions dont les actes sont souvent passés à la maison de Prompsat. Au milieu du siècle les chartreux installent le cuvage et la cave de Prompsat connus aujourd'hui sous le nom du "clos de la chartreuse " et la cave-réfectoire comprise dans le fort.

"La toiture du cuvage du Clos comporte 10 fermes formant une charpente extraordinaire par la portée des pièces de bois, la hauteur de sa toiture et de ses portes. Au fond, se trouve la cave aux voûtes brutes de coffrage. L' ensemble constitue un remarquable bâtiment d'exploitation qui, par ses dimensions, serait parfaitement utilisable dans le domaine agricole, voire industriel, ceci pour donner un idée de son importance et de celle de la récolte de vin des moines." (M.Roumy). 

 

Le domaine de Prompsat est vendu en 1791 pour une valeur de 50 300 livres en deux lots:

  • le premier correspond aux bâtiments du domaine.

  "Les bâtiments composés de cave, chapelle, chambre basse au rez-de-chaussée, chambre au premier et grenier sur le tout. Un grand cuvage et établerie, remise et pressoir, une cuve contenant entour 500 pots (7 500 litres), reliée à la Bourgogne avec neuf cercles de fer, deux autres cuves contenant entour 360 pots (5 400 litre avec quatre cercles de gros fer, les sièges qui sont sous lesdites cuves, le tire-vin, plus un lit domestique dans l 'établerie, plus l' enclos contenant entour sept septérées (environ 2,5 hectares), planté en vigne, verger et jardin, lequel est entouré de murs en bon état."

 Aujourd'hui, subsistent le cuvage et la cave au Sud. Ce domaine, après divers propriétaires a appartenu à Etienne Clémentel.

  • le second est constitué essentiellement de terre et de vigne et du réfectoire du fort.

Le bâtiment du réfectoire  comportait 3 niveaux cave, rez de chaussé et un étage. Aujourd'hui subsiste une partie de ces installations ce qui permet d'en comprendre l'organisation.

On pénètre dans le bâtiment par une porte en chêne suffisamment large (2m) pour permettre l'entrée de barriques importantes. Elle est surmontée d'un linteau plein cintre portant la mention « MISCIT VINVM ET POSVIT MENSAM - 1649 -« qui peut se traduire par : il mélangea le vin et dressa la table.

 

 

On accéder à la cave par une trappe de 2m de large.  Les deux vantaux qui  se soulevaient par un système de poulie s'ouvraient sur un escalier en Volvic conduisant à une voute en anse de panier de 3m de haut. 

Le rez de chaussé comporte une cheminée en Volvic, le sol est carrelé de tommettes carrées identiques à celles du monastère. Trois ouvertures avec barreaux et lourds volets de chênes assurent l'éclairage de la pièce. Au Nord on remarque des latrines en encorbellement et au Sud une porte encadrée de pierres taillées permet d'accéder à  une pièce qui devait être la cellule du religieux chargé de la surveillance de la maison de Prompsat  

Cette espace au sol en tomette dispose d'une fenêtre en Volvic. Elle s'élevait sur une voute qui laisse supposait une organisation proche de celle des cellules du monastère. Ce qui devait permettre aux moines logeant momentanément à Prompsat de poursuivre la vie religieuse inhérente à sa condition permettant en particulier un accès facile à l'église.

Dés l'époque médiévale, les chartreux s'assurent des dîmes vinaires. Ce n'est qu'au XVIIIème que des textes confirment que les chartreux perçoivent bien ces dîmes de vins sur les paroisses de Marsat, Prompsat, Gimeaux, Combronde et Ménetrol, soit sur plus de 300 œuvres environ 17 hectares de vignes. Elles fournissent alors aux chartreux environ 250 pots. Sur certaines de ses communes, les chartreux percevaient aussi la dîme des grains (blé tiercé, de froment,de seigle, d'avoine, de fève de mars) soit 1/10ème des récoltes.

Pour vérifier les quantités dues on utilise alors des "pierres de dime " sorte d'étalon.

On peut observer, à Gimeaux, une de ces pierres 
qui comporte 5 empreintes dont les capacités 
sont approximativement de : 0,75L, 1,75L, 2,30L, 17.50L 56.75 L

correspondant aux différents produits à mesurer (blé, sel...).

 

A Prompsat, en dehors des bâtiments du domaine, L'église témoigne dans son organisation témoigne de la présence des chartreux car elle est divisée en deux dans le sens de la longueur : la partie vers le choeur étant réservée aux pères , la seconde aux frères et laics.

on retrouve aussi dans dans l'église des peintures du XVIIème :

  • "le moine à cuculle blanche" représentant un chartreux en prière agenouillé devant un lutrin.
  •  "le moine à froc noir" représente un moine dans une attitude de recueillement tenant une crosse dans sa main gauche signe de dignité abbatiale. On rapproche cette représentation de Dom Seguin,  abbé de la Chaise Dieu qui fut un soutien fort de l'ordre des chartreux. Ces deux peintures sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des objets mobiliers des  monuments historiques.

Selon certains auteurs les croix du lieu-dit le Cellet et du lieu-dit la Condamine seraient des marques de propriété des chartreux.  

voir aussi

Page: ()   1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  11  12  13  14  15  ()