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3-Les petits métiers de la correrie


La mission de la correrie est d'assurer la vie en autarcie du couvent, aussi on rencontre de multiples petits métiers dans les différents ateliers du site. Les fonctions ne sont pas toujours spécifiques et, selon la saison ou les besoins, elles peuvent variées. Des habitants maitrîsant un métier peuvent aussi apporter leurs compétences à la chartreuse selon les besoins. 

 

LE CHARRON

 

 

Il est, par définition, l'artisan qui fabrique les chars et les charrettes mais surtout celui qui maîtrise l’art de structurer les roues. Une tâche qui est souvent réalisée de concert avec le menuisier et le forgeron si la même personne ne possède pas ces compétences. C’est lui aussi qui réalise les outils : râteau à foin et tous les manches de pioche, de haches. 

Le principal matériau du charron est le bois. C'est à l'automne qu'il va dans la forêt sélectionner les arbres, en particulier les chênes pour leur solidité. Pour les éléments moins importants, le sapin, le frêne ou le hêtre sont aussi utilisés. 

Mais, c'est en hiver que le charron débute son travail en débitant les bois à la scie. Les longerons, base de la charrette sont taillés dans un seul arbre. Ils sont arrondis aux extrémités avec la plane, un outil «tranchant» à deux poignées qui intervient comme un rabot. L'ensemble de la charrette est assemblé avec des pièces de bois : tenons et mortaises. 

La fabrication des roues est un travail difficile.

 

 La jante est constituée de plusieurs parties (un nombre impair pour renforcer la solidité de l'ensemble), chaque partie recevant deux rayons. Le moyeu dégrossi à la hachette est fini au ciseau à bois et le trou de l'axe est percé au moyen d'une «tarière».

la plane 

  

LE MARECHAL-FERRANT
ET FORGERON

Encyclopédie Diderot  

 

Il s’attache en premier lieu au ferrage des bêtes de trait qui assurent les labours (bœufs ou vaches ). Il réalise ou répare aussi tous les outils nécessaires à la culture et les matériels nécessaires au couvent : les socs de charrue, les lames de fauchage....Il est aussi chargé de soigner les animaux. 

Le ferrage en particulier des bœufs nécessite la présence d’une installation spécifique en bois «  Le travail » pour entraver les bêtes.Des sangles sont mises autour de la bête ce qui permet de la soulever légèrement, de couper la corne sous les pattes et de fixer les fers.

Des installations que l'on retrouve encore de nos jours dans les villages. 

L'hiver est mis à profit pour la fabrication des fers mais également de toute la taillanderie nécessaire aux paysans et artisans locaux : cognées, haches, écorçoirs, fourches, pelles, pioches, ….

 La présence de la forge dans le monastére est indiquée dans un acte d'achat d'une enclume :

« Le 25 mars 1645, en sa personne François Mesnier  habitant de Pérol, paroisse de Comps, défend qu’il confesse avoir vendu, ceddé et quitté par ses présentes ,aux vénérables relligieux prieur et couvent  de la chartreuse d’Auvergne et se présent relligieuse personne Dom hugues Raubin , procureur dusdit couvent, ung enclumme de fert à uzage de maréschal et apporté ausdit couvent pour les Mesiers dans leure boutique édiffier audit couvent, moyenent la somme de quatre vingt dix livres, lasquelle somme fut payée en bonne monoye[…] » (A.D. du Puy de Dôme, série26 H 4 liasse91 acte n°2 ) 

 

LE CHARPENTIER/LE MENUISIER

 

Au Moyen Age, le métier de charpentier désigne tous les métiers du bois de fuste (de construction, opposé au bois de chauffe). Il participe à la construction des bâtisses (charpentes, coffrages, escaliers, etc.). En 1382, un arrêt royal ordonne que l’on distingue à l’avenir les menuisiers des charpentiers. Le menuisier travaille le bois en menus ouvrages, d’où son nom. À l’époque, il est celui qui travaille sur les meubles. Charpentiers et menuisiers utilisent pratiquement les mêmes outils qui ont diverses fonctions :les outils de traçage, de sciage, de tranchage.

 

 LE CUISINIER

           

C’est un frère convers les tâches qui lui incombent sont mentionnées par Guigues au chapitre 46 des « Coutumes ». Il a pour rôle de sonner la cloche aux heures convenables, de garder l'église, de présider à la porte et de répondre aux arrivants. Il se doit de conserver l'outillage commun et de prendre soin de la maison et de tout le mobilier de la communauté. Sa fonction première est avant tout de présider seul à la cuisine. Il est chargé de préparer et de distribuer aux frères les aliments habituels et aussi le pain, le vin et le sel et de leur fournir une cuillère et des écuelles. Il apporte le repas des solitaires.

  

LE JARDINIER


est aussi un frére convers pour lequel Dom Innocent Le Masson se préoccupe de la formation et pour lequel il donne des prescritions : 

« Que le jardinier ait soin du jardin et des mouches à miel; qu'il ait un lieu particulier où il mette ses ustensiles, et où il conserve ses graines; qu'il laboure le jardin qu’il nettoie avec l'aide qu'on lui donnera, et qu'il y sème des herbages ». 

 

 

  L'APICULTEUR      

 

Ce frère convers, fait lui aussi, l'objet de prescription dans les coutumes de l'ordre.

Les produits de la ruche sont très importants pour les moines. Bien sur, pour le miel qui est resté longtemps le seul moyen pour sucrer les plats et les boissons, mais aussi pour la cire qui est utilisée pour l'éclairage avec les cierges et les bougies. Les moines disposent  de ruches dans le désert mais aussi dans leurs métairies (Vanauze). 

  

 LE BOULANGER



 

Pendant des siècles, le pain et les galettes ont été l'aliment de base des moines et aussi des journaliers venant, chaque jour, travailler à la chartreuse. Les activités du boulanger sont définies dans les "Coutumes" : "le boulanger reçoit la provision annuelle de grain, le séche, le garde, le remue à l'air, le moud et confectionne les pains."Les moines ont le privilège de cuire le pain.

La préparation du pain est assurée par le moine boulanger ou par un boulanger laic  un texte de septembre 1712 évoque "Annet Chaptar maître boulanger habitant à la chartreuse".Pour cette réalisation le boulanger dilue la farine avec de l'eau salée dans le pétrin puis rajoute ensuite le levain (reste de pâte de la fournée précédente). La pâte est mise ensuite à lever pendant la nuit à couvert. Puis le pain est cuit dans un four chauffé au bois. 

Chez les Chartreux, on cuit deux espèces de pain :

 - des petits pains cuits sous la cendre à base de fleur de froment "la fouace" en forme de galette qui peut servir d'assiette;

- un pain cuit deux fois la "paximace"  particulièrement dure qui doit être trempée pour être consommée.

Les quantités journalières de pain consommées paraissent aujourd'hui énormes jusqu'à 1 kilo par moine. Mais le pain trempé dans un liquide vin, bouillon, sauce est alors la principale source de calories. Pour fabriquer le pain ont utilise les céréales (blé, seigle...) produites sur les domaines et moulues au moulin des chartreux. C’est avec les grains les plus beaux que sont fabriquées les hosties mélange de farine et d'eau claire. La pâte est déposée dans de petits moules en fer pour les cuire.

le boulanger devait fournir le pain pour les besoins du monastère mais aussi pour les pauvres comme l'indique Dom Angelot dans la déclaration au diocèse du 12 décembre 1726 : "il est difficile de ce fixer au juste quantité des grains pour lad. maison parce que le plus ou moins dépend du nombre de pauvres qui se présentent pour recevoir l'aumosne "

L'abbé Mioche rapporte que selon le témoignage "d'une vielle femme dite Lapouse de Chateaugay  les pauvres venaient chercher du pain de très loin à la chartreuse. Ils venaient de Chateaugay on leur donnait deux tourtes à la fois"

Dans une lettre, Dom Gerle évoque en 1791 le fait que les chartreux vendaient du pain "Contentons nous de faire dans la maison le pain en deux fournées par semaine et n'en vendons presque pas cela est dangereux il vaut mieux en donner à prendre en dehors à ceux qui en auraient besoin en payant."

 

 

 

 LE MAITRE BERGER

Selon "Les Coutumes", il est responsable des moutons et des chèvres, du commerce hors du désert, et de la fabrication des fromages.

"Il a aussi la garde de la grange et doit conserver tout les objets et outils de cette obédience et le fait qu'il soit confronté au monde extérieur, pour faire commerce avec les étrangers dans les achats et les ventes concernant son service, l'oblige davantage à éviter les serments, les mensonges, les fraudes et autres maux qui se mêlent d'ordinaire à des tractions de ce genre, et de faire passer le salut éternel de son âme avant les biens et les avantages temporels . En effet, il y a péril à se rendre dans les villages et cela doit être évité autant que possible."

  

                 

 LES MÉTIERS DU CHANVRE

 

 

 

 

Le chanvre est une plante haute de deux mètres à feuilles palmées qui est cultivée pour sa tige qui fournit une fibre textile solide et pour ses graines (Chénevis) qui permettent la fabrication d’huile. La culture du chanvre est très présente à l'époque des chartreux chaque domaine à généralement son "ouche à chanvre" ou chènevière. 

les étapes du traitement du chanvre :

  • Le chanvre est récolté à la faux,
  • il est mis à tremper par paquets (poignées) dans l'eau : c’est le rouissage qui permet l’isolation des fibres dans l'eau grâce à la fermentation.

  •  il est séché en bottes dans un local aéré.
  • Les tiges sont ensuite broyées puis peignées.
  • Le teillage  consiste à broyer le chanvre à l'aide d'une barge pour séparer la chénevotte  (moelle du chanvre qui servait à faire des allumettes) de la filasse

.

  • Celle-ci est ensuite peignée sur une planche de bois garnie à son extrémité de dents. On dit qu’en Combraille, certains hommes les "pigneux" pratiquent ce métier malsain de peigneurs de chanvre  de façon itinérante durant 5 à 6 mois en morte saison. et que des bouffées de poussière pénètrent dans leurs narines et rougissent leurs yeux.
  • On passe ensuite au filage des fibres souples obtenues : l'étoupe avec une quenouille et un fuseau.
  • Le fil obtenu est mis en pelote à l'aide du dévidoir.

Tissé le fil de chanvre donnait une toile de couleur bise, rude au toucher et fort solide.

Le chanvre, à travers la récupération de vieux tissus pouvait aussi servir aussi à la fabrication du papier nécessaire en particulier pour le travail des moines de choeur.

 LE TISSERAND

 

avec un métier à tisser il va produire au final "la serge du pays": un tissu épais, rêche, très solide, utilisé pour la confection des draps et de certains vêtements. Il peut  être amené à teindre les tissus pour cela il utilise des plantes tinctoriales (lichens, champignons, baies de sureau, écorce de bouleau, brou de noix).  


 

LE CORDIER

  

 

 

 La filasse peut aussi être utilisée par le cordier. Pour faire une corde il va lâcher peu à peu la filasse prise dans sa ceinture pour obtenir une mèche de chanvre qui est alors accouchée au rouet, celui-ci en tournant va l’étirer et l’enrouler sur un toron. Il suffit ensuite de mêler ces différents fils pour réaliser une torsade régulière arrêtée par une épissure.

 

 Autrefois, les cordes étaient utilisées pour de multiples usages : par les maçons pour lier les échafaudages, par les tapissiers pour la confection de siège, par les moines pour réaliser les reliures, par les paysans pour les licols, les brides, les cordes à foin ou pour sangler les bâts...... 

 

 

LE VANNIER

 

 

La paille, le bois fendu, l'osier, les genêts, le saule, les ronces, les noisetiers sont les matériaux utilisés par le vannier pour fabriquer  des mannes et des paniers de toute sorte, pour l’usage domestique ou une utilisation dans les autres métiers : corbeilles pour le linge, paîlhas (pour mouler les tourtes de pain), ruches, garnitures de bouteilles, de sièges....

           Ruche    

Pailhas

Pour réaliser ce travail  il n'y a pas besoin de beaucoup d'outils. Lserpe, le couteau, le poinçon et le fendoir suffisent le plus souvent.

On peut penser qu'à la chartreuse, c'est aussi le vannier qui prépare la paille pour permettre aux moines de réaliser les marqueteries de paille. 

Dés le XIVéme, les chartreux installent une sauleraie à Prompsat ce qui leur permet de réaliser, en particulier, paniers et hottes nécessaires pour la vigne.   

Pour la fabrication des paniers on débute toujours par le fond  Entre des brins parallèles ou presque, les montants qui servent d'armatures,  on tresse d'autres brins perpendiculaires. On termine souvent par une bordure en tresse qui supporte l'anse.

 

 

LE BOURRELIER SELLIER, CORDONNIER

 

 

 

Le bourrelier est le fabricant des harnachements nécessaires en particulier pour les chevaux et les mulets. Il utilise bois, toile, crin, laine, paille, boucles, crochets, clous et anneaux de fer.  Avec une alène (l‘aiguille) le couteau à pied en forme de demi-lune et  l'abat-carrepetite gouge à chanfreiner, il va couper, structurer, coudre des pièces de cuir. Il pouvait aussi fabriquer fouets et capotes, coussins et sacs variés.                              

                                     couteau à pied                                        abat carre 

 Le travail du cuir 

Pour l'équipement des chevaux et des mulets, pour permettre la fabrication d'objets ou de vêtements et aussi pour permettre aux moines de réaliser le travail de copiste, les moines convers et les ouvriers doivent préparer les peaux des animaux. La présence de chênes permettait la fabrication de tan.

 

 

 

 

 

 

 

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